nous avions rendez-vous
enfin
après tant de temps, nous allions pouvoir nous toucher
pas que des yeux, plus des yeux
nous allions jouer de nos mains de nos corps de notre musique
avec tous nos désirs accumulés depuis toutes ces années
je voulais un endroit magique pour cette première fois
et j’en avais un
une vieille maison
un creux de colline dans un petit village
y aller la veille pour tout préparer
je voulais que ce soit je n’osais dire parfait
gabriel devait arriver tôt, je lui avais tout expliqué, le chemin, le parking la maison
Je l’attendais vêtue de cuir noir
des chaussures vertigineuses
en riant je disais qu’elles n’étaient pas faites pour marcher
j’avais soigné mon maquillage
sorti mes peintures de guerre, tendre la guerre
ma bouche rouge mes yeux noirs chargés au charbon
les cils allongés de mascara
je t’attends gabriel je t’attends
La maison avait un étage
j’étais en haut dans la chambre
en bas la porte s’ouvrit
sa voix : léna ?
Il était là…
comment empêcher mon cœur de sauter dans ma poitrine
mes jambes de flageoler mes mains de trembler
en descendant les escaliers je m’accrochais à la rampe
une simple corde
j’avais la bouche sèche
doucement je me rapprochais de lui
lui de moi
nos regards se prenaient
à me noyer dans le noir de ses yeux
je volais, gabriel
je volais vers toi dans tes bras
heureuse je touchais le bonheur du bout de mon aile…
un baiser long interminable
qui perçait mon âme allumait un incendie irradiait mon ventre
j’aurai pu tomber
l’émotion, les chaussures
il me tenait fermement
nous tanguions un peu
il y avait les 47 marches à monter….
Après une route impossible, j’étais devant léna, elle était prête visiblement prête
elle m’expliqua que le lit était à l’étage
Un lit métallique, à barreaux comme celui dont nous avions parlé un jour
Le cuir sur elle
ses talons vertigineux
son maquillage subtilement outrancier me plongeait déjà dans une excitation indescriptible et extrême
je la pris dans mes bras
dans l’odeur du cuir du café de la cigarette
je l’embrassais longuement avant d’entamer
marche par marche
l’escalier qui montait à la chambre
je me frottais à elle la frôlais
la serrais
nos regards déjà complices
l’ambiance de la chambre était trouble
préparée à l’excès de nos gestes
préparée à un corps à corps sans retenue
un rai de lumière éclairait le lit cage
un peu de soleil à travers les volets mal joins
je sentais de multiples désirs m’envahir
léna sentait tout cela
elle s’allongea sur le lit,releva les bras
de façon à ce que ses poignets soient si prêt du métal que les attacher devenait une évidence
ce que je fis… des cordes soyeuses étaient là sur le drap
tout son corps était une invitation
un endroit où je voulais me perdre
entre ses cuisses entre ses bras j’étais son prisonnier
nos regards nos corps nos sexes se reconnaissaient
ils s’emboîtaient prenaient leur juste place
nous étions liés
intiment liés
je m’immiçais entre peau et cuir dans une excitation que léna savait rendre intenable inavouable
Nous nous prenions
corps
yeux
mains
bouche
dans une simplicité qui me dépassait me procurant un plaisir qu’aucune femme n’avait su me révéler
comme si nous nous étions toujours connus
nos corps se reconnaissaient s’aimaient
la jouissance nous envahit à plusieurs reprises sans altérer nos fantasmes nos désirs qui se poursuivaient ainsi interminablement
je coulais en elle et je sentais le plaisir qu’elle avait à aller au delà du plaisir même
dans les espaces enfouis de ses désirs
bien au delà de l’amour…
* photo jeanne