Je savais qu’il me regardait, j’avais mis cette robe de cuir rouge que je ne portais plus depuis son départ.
Départ pour où ?
Je ne savais plus, il était si souvent en partance, en errance dans des lieux
Ou dans son crâne
Je sentais son regard comme un voile léger, parfois je pouvais sentir la chaleur de ses mains qui ne me touchaient pas
Le percolateur crachotait maintenant, l’orage s’éloignait, amenant cette lumière si particulière
Des après la pluie cette brillance noire
L’eau du caniveau baissait charriait des canettes vides, quelques emballages du mac do du coin.
Il alluma sa énième cigarette, qui comme les précédentes se consumerait entre ses doigts, et il l’écraserait nerveusement sous son talon.
Il ne dirait rien je le sentais écrasé par une espèce de fatalité une résignation qui me faisait peur, que je craignait plus que tout
Gabriel me regardait, me voyait-il ?
J’aimais cet homme
Notre rencontre ? j’avais envie de parler de hasard, de chance…
Lui disait que ce n’était pas un hasard
Qu’importait les mots, les lieux, les années.
Il ne dirait rien, me laisserait partir, je le savais
Je revoyais la mer, l’île
Des vagues de larmes, Des torrents me sumergeaient,
C’était le tumulte des déferlantes et rien ne venait à mes yeux secs.
Je la regardais sans un mot, sans aucune expression visible…je ne voulais rien montrer de l’émotion qui m’envahissait, du désir qui naissait en moi. Je la regardais juste…
J’imaginais à travers nos rencontres passées, l’envie que j’avais de cette femme.
Une envie folle
Je la savais prête à l’amour dans son fourreau de cuir rouge. Son maquillage parfait, noir, liner tendu sur ses paupières…je ne montrerai rien.
Je restais assis, immobile malgré le désir envahissant. J’entendais le cuir se tendre sur son corps, ses bas crisser l’un contre l’autre, je ne bronchais pas…
Je voulais lire le désir dans son regard. Sentir l’odeur fauve du cuir et entendre sa respiration haletante, ses cuisses s’écarter doucement…je voulais la voir succomber lentement.
Je ne bougeais pas…
Je la regardais.
*photo véronique