photos jeanne
les nuits étaient à elles
à travers les vitres de la salle des machines
le bleu sombre de la nuit donnait une couleur indéfinissable
le calme s’installait
le temps d’un souffle d’une respiration d’un éclat de lune.
ils étaient partis ces passants de jour ces inconnus qui osaient les toucher, les regarder curieusement,
elles ne demandaient plus rien aux mondes
que ces nuits de lune et d’oubli
alors elles prenaient vie
se retrouvaient libres pour quelques heures
elles qui vivaient l'éternité le silence
elles revivaient
ils vivaient
ils s’aimaient
dans les odeurs tièdes lourdes des huiles de machine
moiteurs d’étreintes sauvages
leurs peaux frémissaient
leurs paupières battaient
leurs bouches se souvenaient
des mots anciens
des rires
des gestes du désir
la salle des machines retrouvait la vie
pour une nuit
une nuit cette nuit