Il a dit à un quart d'heure le sommet
il me semble si loin
un quart d'heure
une heure ou plus qu'importe
il faut que j'avance
je me suis inscrite à se voyage...
irrationnelle...
je regarde autour de moi
les nuages s'effilochent à la cîme des arbres
des effilochées de coton éclatant sous le soleil
de la méringue douce
du brillant commestible
je suis en nage mes poumons
explosent
je siffle
ou plutôt ils sifflent brûlent
ma respiration se fait rapide superficielle
il semble que l'air n'arrive pas à mes poumons
ou si peu
je voudrais me poser là sur cette pierre recouverte de mousse
me déposer comme une méduse flasque
me ratatiner sous les feuilles
m'infuser dans le sol
me liquéfier
me dissoudre
m'évaporer
être une chose marginale, éthérée
un souvenir d'ailleurs
d'une autre vie
le temps se déchire
se dilate à l'inverse de mes poumons
il n'y a rien qui existe en dehors de l'air que j'avale
ce filet d'air qui soudain me suffit
me comble
je glisse dans l'obscurité d'un creux sombre
odeurs de feuilles en décomposition
bruits étranges
le sol se fait doux moelleux
contact avec la roche tiède encore
je m'y plaque je fais corps
elle m'absorbe
me fagocyte
et là je n'ai plus besoin de respirer