photo jeanne spéciale dédicace à M. E.
elle, elle n'aurait pas à la sauver
vivante intemporelle immuable
cette île du pacifique
cet îlot rocheux
ces plages de sable noir chauffées à blanc où elle courait vers la mer
un hangar où toute sa vie s'étalait
sa vie connue
ses vies inconnues que je découvrais
un homme immense dans son costume
ses chemises trempées de sueur
son rire éblouissant sur des dents qui avaient mangé le monde
sauver ces souvenirs de soleil
ces bleus si différents
cette place où les femmes dansaient
roulaient des hanches
lascives magnifiques
sauver quelques souvenirs
le rouge des hibiscus
l’odeur douce de tiaré
s'en rappeler encore
collier de mots précieux qu'elle voulait poétiques
ouvrant des mondes mystérieux inconnus
des mots qui arrivaient au détour d'une chanson
le temps d'une valse
à trois ou mille temps
l'emportaient
tourbillon
sauver le souvenir de la chambre sur la mer
sauver le souvenir de cette montée au soleil où elle passait devant sa maison
sauver ces larmes quand en boucle passaient ses chansons
sauver cette impression de plénitude de paix
jamais retrouvée
sur ce bateau face à la mer
sauver ces éclats de soleil couchant
le calme
le silence
ancré en elle
en fermant les yeux, les marquises chantaient