Pierre revenait,
D’où ? il n’avait rien dit juste qu’il sortait prendre un journal .
Mais il revenait sans rien, mains vides, juste cette expression que je lui connaissais si bien
Fermé, oui il était fermé
Son sourire ? de convenance, de rien
Dans le bar c’était toujours le silence
Jacques essayait bien de meubler, il nettoyait, il astiquait ses bouteilles une à une des fois qu’une goutte serait restée accrochée au goulot
Ce bar était notre lieu de rendez-vous, le bar pierre
Près de la préfecture
Il était souvent presque vide, un bar à l’ancienne
Des tables aux pieds Godin, magnifiques de sculpture
plateau de marbre dans des tons de rose veiné magnifique
Des vrais, pas les pâles imitations qui fleurissaient un peu partout .
Comptoir en zinc,
un style art déco, un éclairage tamisé et somptueux d’opaline d’un blanc laiteux
Pierre n’était pas au lycée avec nous, il venait plutôt vers la fin de l’année…
Je disais qu’il venait draguer..
il draguait oui
J’avais encore quelque part dans un tiroir des photos de notre petite bande sur la digue où nous nous retrouvions quand nous faisions le mur !!!
Je savais que tu faisais le mur…
Je ne pouvais m’empêcher de rejoindre ce bar où je te savais où je savais que tu avais des prétendants, des amants peut être.. Sûrement des amants..
J’imaginais toujours l’impossible dès que je te sentais là, présente, un rien séductrice, sensuelle. Tu étais parfois l’attraction de ces hommes qui tournaient autour de toi dans cette ambiance de bistrot que tu aimais. Parfois tu en rajoutais
Et chacun pouvait penser avoir sa chance
Chacun pouvait rêver quand tu croisais ou décroisais les jambes dans un murmure de nylon, qui éveillait en moi de terribles désirs.
Je sentais que tu t’intéressais à moi malgré la présence de Pierre
Tu paraissais toujours si libre !
Sans te regarder, je devinais ton cul qui se déplaçait sur la chaise comme pour me faire signe, pour capter mon regard, mais je m’efforçais de ne pas le faire, et je ne pensais qu’à ça…
J’imaginais mes mains sur toi, mes mains en voyage sur le cuir rouge.
Désirs….
Je sentais ton parfum « shalimar » que tu portais déjà et ses fragrances venaient jusqu’à moi comme une caresse, un signe pour attirer mon regard.
Parfois nous nous regardions, et je savais que notre histoire
Serait toujours liée..
Elle le fût.
Après des départs, des retours, je la retrouvais là
Mon émotion toujours intacte…
Je voulais cette femme encore et toujours
Je retardais le temps où je m’approcherai d’elle, et là il ne serait plus question que de désirs, de frottements de corps
Elle me dirait : « je t’attendais, je t’attends depuis si longtemps » même si de nombreux hommes avaient croisé son chemin.
Léna aimait l’amour, et moi j’aimais l’amour de tous ses amants passés cet amour qu’elle savait me donner
Gabriel me racontait, il m'imaginait des amants, moi qui n’en avais aucun à cette époque.
* photo jeanne